LE RETABLE DU BUISSON ARDENT
ⓘ Afin de garantir sa conservation, le retable est ouvert six mois par an:
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du premier dimanche de l'Avent (fin novembre-début décembre) à l’Épiphanie
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du saint jour de Pâques au lundi de Pentecôte
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du 21 juin aux journées du Patrimoine (troisième week-end de Septembre)
Le reste du temps, le retable est fermé.
Réalisé en 1476 par Nicolas Froment, le triptyque dit "du buisson ardent" est un archétype de l'art de cette fin du XV° siècle à la cour aixoise du roi René.
En effet, installé dans la ville pour y finir ses jours, le roi René, aussi comte de Provence, attira auprès de lui une cour opulente et férue d'art. Aix devint alors un foyer artistique mêlant les arts italiens, français et flamands, tant dans la peinture que dans la sculpture ou l'architecture.
Ce retable a été commandé par le roi René lui-même. Il était destiné à l'église des Carmes (actuel passage Agard), où ses viscères devaient reposer. Il y resta jusqu'à la Révolution, où il fut adjugé comme bien national, puis finalement placé en 1803 dans la nef de la cathédrale. Restauré entre 2003 et 2010, il est placé depuis dans la chapelle Saint-Lazare.
Ouvert, il se compose de trois panneaux:
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le panneau central représente la scène du buisson ardent elle-même: l'ange parle à Moïse, abasourdi, et lui montre le buisson, sur lequel la Vierge Marie est assise. Dans la tradition de l'Eglise, il est en effet courant d'associer Marie à cet épisode biblique : « Ce qui était préfiguré dans la flamme et dans le buisson fut manifesté ouvertement dans le mystère de la Vierge. Comme sur le mont le buisson brûlait mais ne se consumait pas, de même la Vierge mit au monde la lumière mais ne se corrompit pas » (saint Grégoire de Nysse).
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Le panneau de gauche représente le roi René en position de prière, tourné vers la scène décrite précédemment. Il est vêtu de l'habit des chanoines de Saint-Victor, et est entouré de sainte Marie-Madeleine (patronne de la Provence), saint Antoine (patron de l'Anjou, dont il est duc) et saint Maurice (patron de l'ordre du Croissant, fondé par le roi).
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Le panneau de gauche représente sa femme, Jeanne de Laval, elle aussi en position de prière, entourée de saint Jean, sainte Catherine d'Alexandrie et saint Nicolas.
Fermé, le triptyque représente l'Annonciation faite à la Vierge Marie en grisaille.
Retable ouvertOuvert, nous pouvons découvrir le retable dans toute sa splendeur. Le mot retable vient du provençal, et signifie "au-delà de la table (d'autel)". Le moy triptyque vient du fait qu'il est composé en trois parties. | Dieu le Père bénissantAu-dessus du retable, qu'il soit ouvert ou fermé, la figure de Dieu le Père domine la scène et bénit les fidèles qui prient devant cette oeuvre. | Panneau centralLa scène du buisson ardent, avec Marie, qui accomplit la typologie biblique, est racontée dans le livre de l'Exode au chapitre 4. |
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Panneau central: MoïseMoïse retire ses sandales comme Dieu le lui a demandé: "Retire tes sandales, car la terre que tu foules est sainte". | Panneau central: MoïseLe regard de Moïse est tourné vers le buisson. Il met sa main comme obstacle car, dans l'Ancien Testament, il n'est pas possible de voir Dieu face-à-face, à moins de mourir. | Panneau central: l'angeL'ange est le messager de Dieu, et c'est lui qui parle à Moïse. Il a une attitude d'appaisement, pour calmer Moïse de ses peurs. |
Panneau central: la Vierge-MarieLa Vierge est présentée au centre de cette composition, et présente l'enfant-Jésus. En effet, c'est par sa virginité qu'elle est associée au buisson ardent par les pères de l'Eglise. | Panneau central: détail du miroirLe miroir que l'enfant-Jésus tient est une allégorie du péché originel, qui est associé ici à l'orgueil. La Vierge Marie et le Christ peuvent s'y refléter car Jésus, comme Dieu, et Marie, comme Immaculée Conception, ne subissent pas les conséquences du péché originel. | Panneau central: détail de la villeLa ville est associée ici à la cité de Dieu, la Jérusalem céleste. Ici, Avignon aurait été prise pour modèle. |
Panneau central: campagneLe château représenté pourrait être le château de Saumur, propriété du roi René en Anjou. | Panneau de gaucheLe panneau de Gauche présente le roi René entouré de sainte Marie-Madeleine, saint Antoine et saint Maurice. | Panneau de gauche: le roi RenéLe roi est ici vêtu de l'habit des chanoines de Saint-Victor, congrégation augustinienne dont il faisait partie. Il est en attitude de prière, selon les codes picturaux médiévaux de représentation des donateurs. |
Panneau de gauche: Marie-Madeleinesainte Marie-Madeleine est la patronne de la Provence, dont le roi René est comte. Elle porte ici un de ses attributs, le pot de parfum avec lequel elle a oint les pieds du Christ à Béthanie. | Panneau de gauche: saint AntoineSaint Antoine est le saint patron de l'Anjou, dont le roi René est duc. Il porte deux de ses attributs: le tau (sur son habit) et le bâton. | Panneau de gauche: saint MauriceSaint Maurice est le patron des soldats, d'où son armure. Il a été pris comme saint patron d'un ordre que le roi René refonda en 1448, l'ordre du Croissant. |
Panneau de droiteLe panneau de droite présente la femme du roi René, Jeanne de Laval, entourée de saint Jean, sainte Catherine et de saint Nicolas. | Panneau de droite: Jeanne de LavalPrésentée ici en attitude de prière. Seconde femme du roi, elle s'est mariée avec lui en 1454. | Panneau de droite: saint JeanIl s'agit ici de saint Jean l’Évangéliste. Il est représenté ici avec une coupe de poison, référence à la légende qui veut qu'il en but une par défi d'un prêtre païen, et qu'il en réchappa. Il est représenté ici comme saint patron de la reine. |
Panneau de droite: sainte Catherinesainte Catherine d'Alexandrie est une princesse martyre du IV° siècle, d'où la palme et la couronne avec lesquelles elle est représentée. Elle est patronne du royaume de Jérusalem, dont Jeanne fut reine titulaire. | Panneau de droite: saint NicolasArchevêque de Myre au IV° siècle, saint Nicolas fut pris plus tard comme saint patron des Lorrains, dont la reine Jeanne de Laval fut duchesse. | Retable ferméFermé, le retable présente une scène biblique en grisaille, l'Annonciation, transmise par saint Luc dans son évangile (chapitre 1). |
retable fermé: l'archange GabrielSon nom signifie "la force de Dieu". Il est le messager que Dieu envoie à Marie. Il est revêtu d'une chape liturgique, pour montrer qu'il est ministre de Dieu. il porte un rameau d'une main (référence à la prophétie de la souche de Jessé) et bénit la Vierge de l'autre, car elle est "bénie entre toutes les femmes". | retable fermé: la Vierge MariePrésentée ici en attitude d'accueil et d'humilité par ses bras croisés. Elle porte un livre avec des sceaux pour deux raisons: elle médite la parole de Dieu sans cesse, et elle montre qu'elle porte l'accomplissement des paroles de l'Ecriture. |