Les origines de l'Eglise aixoise
Selon la tradition, des compagnons du Christ seraient arrivés très tôt en Provence pour évangéliser la région. En l'an 36, les chrétiens de Judée font face à une grande persécution. Plusieurs d'entre-eux sont capturés par l'autorité romaine et, après avoir été mis sur une barque sans rame ni voile, furent condamnées à dériver sur la mer Méditerranée.
Ces personnages bibliques arrivèrent sur les côtes de la Gaule méridionale, aux Saintes-Maries de la Mer ou à Marseille. Ils décidèrent alors de partir évangéliser cette nouvelle terre. C'est ainsi que l'un des 72 disciples (cf évangile de Luc, 10), Maximin, partit évangéliser la cité d'Aquae Sextiae.
IV°-VI° siècles
La fondation de l'évêché
On ne sait pas exactement de quand date la fondation de l'évêché d'Aix. En effet, si la présence chrétienne dans les cités voisines d'Arles et de Marseille sont attestées depuis longtemps, la cité d'Aquæ Sextiæ semble réticente à la foi chrétienne: le premier évêque attesté est Lazarus, de 407 à 411. Il est néanmoins probable que des évêques l'ait précédé, dont un certain Remigius, présent au concile de Nîmes en 396. La fondation d'un évêché dans la ville pourrait dater de l'érection de la cité en métropole de Narbonnaise seconde, entre 370 et 380.
La suite est mieux connue, cette fois par les bâtiments: le baptistère de la cathédrale est érigé au cours du V° siècle à l'emplacement de l'ancien forum, et une première cathédrale est construite à côté. Il ne s'agit pas de la première cathédrale de la ville: en effet, une église sancta Maria a sede episcopali est mentionnée dans les écrits.
Ainsi, la cathédrale primitive semble avoir été proche de l'actuelle chapelle de Notre-Dame de la Seds, à l'époque encore dans l'enceinte de la ville. Au IV° et V° siècles, la ville se resserre sur l'étendue de l'actuel centre-ville. Il est donc probable que la cathédrale ait été déplacée à ce moment-là.
Métropole civile depuis 370 ou 380, les évêques d'Aix vont très vite revendiquer le titre de métropolitain, au détriment de la métropole d'Arles dont il est encore dépendant.
VI°-XI° siècles
Le haut Moyen-Âge
VI°-XI° siècles
Le haut Moyen-Âge
Au début du VII° siècle, le groupe épiscopal d'Aix comprenait donc le baptistère, la nef Sainte-Marie (aujourd'hui nef gothique), un palais épiscopal (à l'emplacement de l'archevêché actuel) et diverses annexes, dont l'oratoire Saint-Maximin, encore visible de nos jours dans le transept sud.
La suite de l'histoire des bâtiments ne nous est pas connue, puisque la période entre le VII° et le X° siècle n'a retenu que quelques noms d'évêques. Nous savons cependant que l'évêché devint définitivement métropole ecclésiastique autour de 700.
Les bâtiments sont cependant entretenus, puisque l'archéologie a révélé l'installation au IX° siècle d'un chancel (barrière séparant le choeur des clercs et la nef des fidèles), ainsi que divers travaux d'entretiens comme la réfection à deux reprises des canalisations du baptistère, et la reconstruction de l'abside.
La dernière tranche de travaux est mieux connue, puisqu'elle se déroula sous Pierre II, archevêque d'Aix entre 1082 et 1096. A cette époque, la cathédrale est double, c'est-à-dire que deux églises parallèles sont présentes: une pour servir de cathédrale à proprement dit (l'actuelle nef gothique) et la seconde servant pour les chanoines (l'actuelle nef romane). C'est à cette époque que le vocable de "Saint-Sauveur" fut attaché à la cathédrale.
1060-1200
La période romane
1060-1200
La période romane
Sous l'archiépiscopat de Pierre II, de grands travaux sont lancés à la cathédrale. Ces travaux, qui visent à reconstruire les bâtiments dans le style roman, se répartirent en trois phases principales:
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la première s'étend de 1060 à 1112. Au cours de cette phase, le baptistère fut reconstruit à l'identique, la nef Sainte-Marie (actuelle nef gothique) fut reconstruite et agrandie et divers bâtiments canoniaux furent élevés. Ces travaux s'achevèrent pour le concile provincial d'Aix, qui se tint dans la nef Sainte-Marie en 1112.
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La seconde s'étend entre le milieu du XII° siècle et le début du XIII° siècle. Au cours de cette phase, les bâtiments claustraux continuèrent d'être érigés pour fermer la cour du cloître. Entre 1165 et 1175, la nef romane Saint-Maximin a été reconstruite comme église canoniale.
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La dernière phase, entre 1175 et 1200, vit la fin de la construction des bâtiments du cloître. Le baptistère et les bâtiments orientaux sont remodelés pour prendre en compte l'élévation de la nef Saint-Maximin, et des bâtiments sont construits à l'ouest avec des pierres récupérées du Forum romain. Le dernier chantier de l'époque romane porte sur le cloître lui-même, bâti entre 1190 et 1200.
A la fin de ces travaux, les bâtiments claustraux ont reçu la forme qu'ils gardent encore aujourd'hui, tandis que la cathédrale elle-même a une structure double, qui sera modifié lors de la période gothique.
1285-1513
Les constructions gothiques
A la fin du XIII° siècle, le style gothique fut introduit à Aix et en Provence par la construction de l'église Saint-Jean-de-Malte (1272-1278). Les chanoines de la cathédrale vont se servir de ce nouveau style pour agrandir le bâtiments existants. Ce chantier gothique se déroula en plusieurs phases:
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la première phase, entre 1285 et 1336, agrandit la cathédrale à l'est: l'ancien chœur est démoli, et un nouveau est érigé à l'emplacement qu'on lui connaît actuellement. Parallèlement à ce chantier, l'édifice recevra une forme de croix latine avec la construction d'un transept (1285-1316).
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La nef Sainte-Marie, alors romane, est reconstruite travée par travée entre 1336 et 1472. Ce très long temps de reconstruction (130 ans) est dû d'abord à la grande peste, puis à la guerre de 100 ans. Cette reconstruction consistait à démolir les anciennes voûtes romanes pour les remplacer par des voûtes gothiques.
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Au cours de cette seconde phase, des chapelles latérales sont édifiées au nord: la chapelle d'Armand de Narcès (vers 1348), celle d'Olivier de Pennart (vers 1470) et la chapelle Sainte-Catherine (vers 1470). Le clocher est édifié entre 1323 et 1425.
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La dernière phase (1475-1513) consista à l'édification de la dernière travée orientale de la nef et la construction du portail gothique. Les portes furent sculptées et installées vers 1510.
A la fin de ces travaux, la cathédrale a un aspect proche de celui que nous lui connaissons. La principale conséquence de ces agrandissements fut la transformation de l'ancienne église romane Saint-Maximin en collatéral sud du nouvel ensemble.
1577-1750
Les transformations baroques
A partir du XVI° siècle, la cathédrale ne connaîtra pas de grandes constructions, mais plutôt des aménagements et des rajouts successifs.
Ainsi, à la fin de ce siècle, le baptistère reçoit une coupole de style Renaissance (1578), tandis que le chanoine Estienne de Saint-Jean faisait édifier une chapelle funéraire donnant sur le chœur (1579). Ces deux aménagements introduisent à Aix l'art de la coupole, et leurs décorations de stucs inspirèrent nombre de notables pour la construction de leurs hôtels particuliers.
Au XVII° siècle, la chapelle du Corpus Domini (transept sud) est réaménagée entre 1666 et 1669 sur un plan cruciforme, avec coupole en plâtre. En 1693, la confrérie attachée à cette chapelle fit peindre une copie de la Transfiguration de Raphaël par André Beisson au-dessus de son entrée.
Le plus gros chantier de cette période se déroula entre 1694 et 1706, et consiste à la création de la nef Notre-Dame d'Espérance. Ce chantier se déroula en plusieurs phases:
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Entre 1694 et 1697, la chapelle baroque Notre-Dame d'Espérance est bâtie à l'emplacement d'une ancienne chapelle du Saint-Sépulcre dans le transept nord.
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Parallèlement, les anciennes chapelles latérales et le transept situés au nord sont réunis en un seul ensemble. Pour cela, l'architecte Gloton créée dans les murs les séparant des arcs, dont le style évoque les trois ordres architecturaux antiques (ionique, dorique, corinthien). Cela permet de mettre la chapelle Notre-Dame d'Espérance dans une nouvelle perspective.
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La dernière phase (1702-1706) consiste à ouvrir dans cette nouvelle nef des chapelles latérales au nord: les chapelles Saint-Lazare, Saint-Joseph et Saint-Maximin.
Enfin, entre 1743 et 1750, un nouvel orgue est construit dans la nef gothique par le frère Jean-Esprit Isnard, qui a également réalisé l'orgue de la basilique de Saint-Maximin.
XIX°-XX° siècles
Le temps des restaurations
Au début du XIX° siècle, la cathédrale avait besoin de travaux, après qu'elle eut été transformée en temple de la Raison sous la Révolution. Au cours de ces travaux, le dernier vestige antique (l'oratoire Saint-Maximin) fut démoli en 1820 par l'archevêque Champion de Cicé et le baptistère reçut, en 1846-1848, les tableaux représentant les sept sacrements.
Dix ans plus tard, l'architecte Henry Revoil fit peindre le choeur comme il nous apparaît aujourd'hui, dans le style troubadour alors en vogue. Pendant ce temps, l'atelier Didron remplaça les vitraux par de nouvelles créations.
Au XX° siècle, les interventions consistèrent à remettre en état les différentes parties de la cathédrale, et de nombreuses fouilles ont été réalisées au cours de ces travaux. Ces fouilles nous permettent de mieux comprendre l'histoire complexe de la cathédrale, et d'en saisir l'importance dans le tissu urbain d'Aix.
La dernière restauration en date remit en état le Baptistère, et permit de redécouvrir des fresques médiévales et les éléments du baptistère antique. Parallèlement à cela, en 1999, le chœur fut restauré et un nouveau mobilier liturgique, créé par Jean Mégard, fut installé.